Un phare historique reprend vie grâce à sa communauté locale

Lorsqu'on considère les divers symboles qui incarnent les provinces atlantiques, le phare vient immédiatement à l'esprit. Le parfum de l’océan, l’importance de l’industrie de la pêche et la nature chaleureuse du peuple s’unissent dans ce bâtiment fondamental qui a d’ailleurs pour mission de veiller à la sécurité des gens et de les guider vers la terre ferme.

Construit en 1885, le phare de Schafner Point est justement le symbole de tout cela pour les résidents du comté d’Annapolis, plus particulièrement pour les personnes établies sur le chemin Granville, où il se dresse.

Six personnes du secteur ont vu de leurs propres yeux la détérioration subie par leur phare chéri au fil du temps et des tempêtes.

L’édifice est rongé par la pourriture. Sa charpente est si forte qu’il reste debout, mais elle perd son bardage; on a enveloppé la structure de membrane isolante, bon nombre de sections n’ont plus de planches et son toit est dénudé. Tout ce qui se trouve à l’intérieur est protégé des éléments par une simple pellicule plastique.

« Le phare sert toujours aujourd’hui, donc la garde côtière a besoin de sa lumière. Si on laissait le phare se détériorer au point de devoir le démolir, il aurait fallu le remplacer par un poteau surmonté d’une lampe. Dans les Maritimes, où les phares sont emblématiques, il serait vraiment triste que le plus ancien de tous ceux se trouvant dans le bassin de l’Annapolis disparaisse », déclare Medea Holtz, présidente de l’Association du phare de Port-Royal.

L’Association du phare de Port-Royal, officiellement fondée en aout 2022, a vu le jour à la suite d’échanges avec l’Annapolis Heritage Society ayant mené à un transfert du droit de propriété de l’édifice à cette association locale.

« Nous sommes en train de marquer l’histoire. Cette année est tout aussi importante que l’année où le phare a été construit. Ce n’est pas tous les jours que l’on se voit offrir la possibilité de réaliser quelque chose qui aura des répercussions importantes sur l’avenir », explique Mme Holtz.

Après avoir pris possession du phare, en octobre 2022, l’association a immédiatement entrepris une vaste campagne de financement.

La communauté a immédiatement fait preuve d’un soutien extraordinaire.

« Nous avons organisé une journée portes ouvertes au cours de laquelle les gens pouvaient entrer dans le phare et en constater l’état, puis une assemblée publique pour informer tout le monde de nos espoirs et projets, ainsi que pour leur permettre de participer à sa restauration », explique-t-elle.

Au cours de l’assemblée, plusieurs personnes ont offert des dons en nature, ainsi que du temps et leurs talents pour contribuer à la campagne de financement.

Par exemple, le dramaturge local Paul Rapsey a offert d’écrire une pièce et d’affecter toutes les recettes provenant de la première à la restauration du phare. Il s’est associé à un violoniste local, Stephen Kline, qui a présenté un concert et aussi offert les recettes pour la restauration.

Deux personnes ont offert du bois de chauffage qui a été vendu aux enchères pour amasser des fonds. L’une de ces personnes était Richard Morrison, un mécanicien-monteur de Karsdale, tout près. La fabrique Morrison a également donné du bois de charpente pour la rénovation.

« C’est probablement de là que provenait le bois qui a initialement servi à construire le phare », dit Mme Holtz.

L’association a aussi organisé plusieurs évènements, comme un souper de homard, un concert et une exposition sur le thème des phares présentant les éléments de la restauration, et un encan Facebook composé de biens offerts gracieusement. Le 10 juin, à la salle communautaire de l’Habitation New Horizons de Port Wade, des membres de la communauté locale ont animé en soirée une collecte de fonds au rythme d’une musique country classique.

Si l’on se fie aux évaluations professionnelles initiales, l’association s’attend à ce que la restauration du phare coute environ 120 000 $. En moins d’un an, le montant amassé grâce aux différentes collectes s’élève déjà à 50 000 $.

L’association a aussi obtenu une subvention du comté d’Annapolis pour la reconstruction de l’escalier d’origine, la réfection de la porte d’entrée et la réalisation de quelques autres projets pour amorcer la restauration.

Jerry Dick, un retraité spécialiste de la société de préservation, offre son temps et son expertise au projet.

« Il décape la porte de bois jusqu’à son fini d’origine, fait toutes les réparations nécessaires, puis la restaure selon le processus d’origine à l’huile de lin. Nous sommes attentifs aux procédés historiques et tentons de faire en sorte que la restauration ressemble aussi près que possible au produit initial; nous espérons ainsi préserver plus fidèlement le phare que dans le passé », poursuit Mme Holtz.

L’étape suivante — la construction de l’échafaudage — s’est réalisée en juin.

L’association du phare a aussi présenté une demande de subvention qui lui permettrait de traiter avec Helping Nature Heal, un organisme innovateur qui crée des poches de substrats, d’herbes indigènes et d’autres plantes tolérantes au sel qui coloniseront la côte pour tout bien tenir en place.

Une fois la restauration de l’édifice terminée et les méthodes de contrôle de l’érosion appliquées, l’association envisage d’installer sur le site plusieurs panneaux d’interprétation expliquant le processus de restauration et la signification historique du phare et de la région de Port-Royal.

« Nous espérons pouvoir inclure un panneau expliquant l’utilisation que faisaient les peuples autochtones de cette partie du bassin de l’Annapolis, l’histoire plus récente de l’industrie de la pêche, et celle de la famille Schafner, initialement propriétaire du terrain où se dresse aujourd’hui le phare », explique-t-elle.

L’association a récemment reçu une subvention de la Parker Mountain Wind Turbine Society, qu’elle réserve à l’installation d’une table à piquenique lorsque les rénovations seront terminées. Par ailleurs, le groupe prévoit de transformer le terrain qui entoure le phare en parc à l’intention de la collectivité et des visiteurs.

On espère réussir à tout accomplir avant la fin de l’année.

Xplore est un membre actif de la collectivité du comté d’Annapolis depuis qu’elle a acquis le réseau de fibre optique de la municipalité et procédé à son expansion. Depuis l’an dernier, elle offre ainsi le service Internet par fibre dans la région.

Xplore s’est manifestée en appui à la restauration du phare et a été l’un des premiers commanditaires du souper de homard, mais elle voulait aider encore davantage.

Avant même de tisser des liens avec Xplore, l’Association du phare de Port-Royal croyait qu’il serait génial d’installer une caméra web sur l’emplacement du phare, ce qui permettrait aux résidents de suivre la transformation en temps réel.

Pour Xplore, il s’agissait là d’un moyen tout à fait à propos pour contribuer davantage! L’entreprise a donc procédé à l’installation d’une connexion Internet ultra haute vitesse au phare et a organisé la diffusion. Le lien est accessible depuis le site web de l’Association du phare de Port-Royal.

« La caméra a beaucoup de succès. C’est un excellent moyen permettant aux gens d’ici ou d’ailleurs d’être témoins de ce qui se passe au phare, en temps réel. Nous sommes reconnaissants à Xplore d’avoir réalisé ce projet et de fournir la connexion pour accéder à la diffusion. Tout le monde est très content », d’affirmer Mme Holtz.

Xplore a également offert au phare deux chaises Adirondack pour se reposer et admirer la vue.